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Ravaillac qui, nourri de sang et de rapine (4),
Dévouant aux forfaits ses jours indifférens
Vendoit son bras vénal aux vengeances des grands,
Fanatique abusé, le zèle qui le guide
Montre à ses yeux le ciel ouvert au régicide,
Une vie immortelle, et d’immortels lauriers.
Déja pour assembler les chefs de ses guerriers (5),
Le monarque est sorti dans un char sans escorte (6) ;
Mais à peine du Louvre il a vu fuir la porte
Morne, et s’armant d’un fer qu’il cache dans son sein
Ravaillac en silence æ suivi son chemin.
Toujours prêt à saisir le hasard qu’il épie,
ll compte les momens perdus pour sa furie ;
Par un concours nombreux le char embarrässé
S’arrête ; c’est l’instant!… sur la roue élancé
L’assassin voit Henri. le fer luit, le sang coule ;
Aux cris du roi blessé le peuple accourt en foule;
Il n’est plus temps ; déjà l’objet de leur amour
D’un nouveau coup frappé perd la voix et le jour ;
Le meurtrier tranquille, en sa rage implacable
Abreuve encor de sang son fer insatiable ;
En vain la voix du peuple appelan: les bourreaux
De son corps odieux réclame les lambeaux ;
Immobile , il eniend ces clameurs menaçantes (7);
Au moment où les fers chargecient ses mains sanglantes
[1 les levoit encore , et ses coups superflus