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» Prendre un songe imposteur pour un avis des cieux,
» Et croire aux vains discours d’une ombre passagère
» Qu’enfante de:mes sens la terreur mensongère à
» Conseille ma foiblesse ». J1 dit : mais les destins
Font parler à ses yeux des signes plus certains ;
Le tonnerre embrasant le front d’un chêné antique (3)
Allume dans les bois la flamme prophétique,
Des spectres ont peuplé les champs épouvantés ;
L'astre à la queue ardente, aux Crins ensanglantés
Portant l’essaim des maux dans sa course fatale
Charge les airs brûlans des vapeurs qu’il exhale ;
L'oiseau des nuits gémit au bord des monumens,
Le globe est déchiré de longs ébranlemens ;
L’astre éclatant du monde au haut de sa cavrière
De son orbe sanglant a voilé la lumière :
Le sang, rosée affreuse , a plu du haut des cieux,
Et pour comble de maux , les venis contagieux
Sur les Français en deuil s’élançant en furie
Dessèchent dans leur sein les sources de la vie.
Ainsi parle le sort : le prince infortuné
De présages partout marchoit environné ;
Il cède, et méditant sa future conquête,
Son conseil l'applaudit et son départ s’apprête.
Les factieux l’ont vu; mais quel jour, quel instant
Le livrera sans arme an poignard qui l'aitend à
À ce coup incertain leur cruauté destine
EF