( 7e }
p T’a versé le sommeil sur le bord d’un abîme ?
» Monarque confiant, tu dors, tu ne vois pas
» S’approcher de ton cœur le fer et le trépas.
» Oui, le fer doit aussi finir ta destinée ;
» L’envie insidieuse à ta perte acharnée,
» Préparant en secret le malheur des mortels
» Arme un bras parricide à l'ombre des autels.
» Va, presse ton départ et ta noble entreprise (1) ;
» Cours délivrer la Flandre à l'Ibère soumise,
» Garde que la lenteur des vains retardemens,
» De tes jours menacés n’abrége les momens ;
» L'assassin attentif n’a besoin que d’une heure,
» Vois le trône qui tombe et la France qui pleure ;
» Fuis au sein des combats ; aux poignards meurtriers
» Oppose un roi vainqueur qu’entourent ses guerriers,
» Et préviens l’insensé qui croit dans son délire
» Acheter par ta mort les palmes du martyre (2) ».
En achevant ces mots, aux feux du jour qui luit
Le fantôme léger s’envole avec la nuit ;
Henri lui tend les bras, il le nomme, il l’appelle ;
C’est en vain que Sully , son ministre fidèle,
Détournant ses regards des images de mort
De son lit inquiet l'arrache avec effort;
« Ami, lui dit Henri, mon heure est arrivée ,
» Il me reste la fuite ei ma vie est sauvée ;
» Mais dois-je, roi timide et superstitieux ,