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En vain vous renaissez dans nos fertiles champs,
Votre éclat, vos parfums ne flatient plus mes sens.
En vain vous renaissez et plus fraîche et plus belle ,
Je ne veux point former de guirlande nouvelle,
Les myrtes amoureux , la rose , le muguet,
Ne vont point embellir mon chapeau , mon corset,
Ft mes cheveux sans art, bouclés à l’aventure,
Jusqu'au retour d’Athis flotieront sans parure.
Je veux qu’à leur désordre , à mon air languissant ,
On puisse deviner qu’il est encore absent;
Que pour instruire , hélas! du malheur qui me touche
Son nom n’ait pas besoin d’échapper à ma bouche.
Que tout peigne mes feux, mes regrets, ma douleur.
Qu’aucun de nos bergers n’ose espérer mon cœur.
Ruisseau , si j'ai cherché dans votre onde sincère
Des conseils pour charmer , m’embellir et lui plaire,
Quelquefcis en secret, si, devançant le jour,
Je recourois à l’art pour captiver l’amour,
Si , cherchant à former ma couronne odorante
Jalouse , j'en ôtois la rose trop brillante ,
À son éclat rival préférant une fleur
Dont la simplicité servit mieux ma fraichenr ;
Si , posant sur mon sein le tissu qui le couvre ,
Je plaçois à dessein un bouquet qui l’entrouvre.
Vous que je consultois , ah! depuis son départ
Diies, me voyez-vous recourir à tant d’art?
Ai-je même cherché dans ce miroir fidèle,