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Son tendre amant cherchoit par quelle adresse heureuse,
Sans blesser Musidure , il pourroit quelque jour
Arracher de sou cœur les fecreis de l’amour ,
Ft, par des vers touchans tout remplis de sa flame ,
Les presser de sortir des replis de son âme.
Le hasard le servit ; le hasard quelquefois
Fait le sort des amans comme celui des rois.
Le teint bruni des feux dont l’éié la colore ,
La fraîcheur de ces lieux attira Musidore.
Timide, elle y revient, contre un ciel enflammé
Retrouver de son bain l’asile accouiumé :
Sa pudeur se confe à ce lieu solitaire.
Damon en veut d'abord respecter le mystère ;
Sentiment délicat d’un amant dont le cœur
Veuit conserver l'estime en cherchant le bonheur !
Mais l’amour le retient; et comment s’en défendre ?
La nymphe étoit si belle et son amant si tendre!
Musidore paroît, et ses timides yeux
D'abord d’un air craintif interrogent ces lieux.
Damon la voit : jadis le beau pasteur de Troie
Dans son cœur palpitant ressentit moins de joie,
Quand sur le mont lda trois jeunes déités
Sans voile à ses regards livrerent leurs beautés.
La nymphe, dont la grâce à leurs graces égale,
Même auprès de Vénus n’eût point eu de rivale ,
Déjà prête à goûter les délices du bain,
S'assied au bord dus eaux ; déja sa belle main,