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Que les tiens a la nuit , touchante Philomèle ,
Redisent du Trés-Haut la louange immortelle !
Vous surtout , rois heureux de tant d’êtres divers,
Vous, la tête , le cœur, la voix de l’univers,
Hommes, achevez l’hymne ! en foule dans nos villes
Des temples inondez les sacrés péristiles !
Qu’à l’orgue se joignant , vos chants mélodieux
Confondent leurs accords ! ainsi de plusieurs feux
£e forme un tourbillon qui jusqu'aux cieux s’élance :
Que des repos marqués succèdent en cadence !
Si les champs sont par vous aux cités préférés,
£i pour vous les bosquets sont des temples sacrés,
Tze l’ange inspirateur la célesie musique ,
La lite pastorale ei le luth poétique
Glorifieront le dieu qui préside aux saisons.
Pour moi, quand du printemps j'oublirai les boutons.
Les épis de l'été, le nectar de l’antomne,
L'hiver au front glacé que la neige couronne ;
Que ma langue muette, au fond de mon palais
Y demeure immobile et fixée à jamais !
Qu’en proie aux noirs acces de la mélancolie
De mon esprit chagrin la sombre léthargie
Ne me fournisse plus ni pinceau ni couleur,
Et que mou sang glacé se fige dans mon cœur !
Düt le sort m’exiler en Ces tristes contrées