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Que te dirai-je , enfin à Mère, épouse sensible,
Peut-être à tes vertus tout deviendroit possible ;
Si vraiment tes désirs , et non un vain dépit,
Vers cette paix obscure entraînoient ton esprit,
Si le sort t'’imposoit ces lois que l’on doit suivre.
Tu pourrois vivre aux champs, car le sage y peut vivre :
Mais ne t’égare pas dans un monde idéal ;
Aux hameaux, comme ailleurs , près du bien est le mal.
N'y cherche même pas ces mœurs , cetie réserve ,
Ces vertus que, dit-on, l'ignorance y conserve :
L'homme est homme partout ; le plaisir, l'intérêt ,
L’éguisme partout le guident en secret ;
Et le manoir antique et la maison rurale
Ont vu plus de dégoûts , de haine , de scandale
Que la cité superbe où mille illusions
Occupent tour à tour l'esprit, les passions,
Où par de grands objets l’âme est sans cesse émue,
Où tout charme à la fois la pensée et la vue ,
Et, disons-le , où le monde en polissant nos mœurs
Nous rend plus indulgens et quelquefois meilleurs.
Madame CONSTANCE DE S.