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Fuis, Sophie ; un bonheur qui n’est plus ton partage:
Laisse le villageois être heureux au village.
Le sort qui nous fait naître en des lieux différens,
Semble sur nos devoirs mesurer nos penchans.
Chacun sans le savoir tient une place util- :
L’habitant des hameaux ne peut aimer la ville ;
Ft nous n’aimons les champs que pour les embellir
Du charme des cités que nous croyons hair.
Ce n’est pas qu'on me voie, injuste en ma censure,
Nier l’atirait des bois , l’éclat de la verdure,
Ce transport qui saisit à l’aspect enchanté
Des coteaux, des vallons enrichis par l’éié,
Ce bonheur qu’un cœur tendre , un ami de l'é.ude-
Trouvent dans le repos ou dans la solitude :
Goûte aussi , je le veux, ces plaisirs que les champs
Offrent aux citadins plus qu’à leurs habitans.
Vas-y chercher par fois un calme salutaire,
Mais reviens à la ville, à tes goûts nécessaire :
Loin d’elle s’exiler, c’est souffrir ou déchoir.
L’ignovance est partout, mais non pas le savoir.
Quoiqu’un bonheur tranquille enchanie une âme pure,
L'esprit sent le besoin d’une autre nourriture.
Il a, comme le cœur, et ses goûts et ses droits :
J] nous impose aussi des devoirs et des lois ,
Et semblable au torrent qui, poursuivant sa course,
Tenteroit vainement de regagner sa source,