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» L’ambition, l’envie en tourmens si féconde ;
» Ne viendront point troubler nos jours délicieux:
» Nes cœurs seront contens et nos fronts radieux.
» Nous irons dans nos champs surprendre, dès l’aurore,
» Le germe que la nuit aura dû faire éclore :
» Quand le soleil des cieux embellira l'azur,
» Nous reviendrons chez nous prendre un laitage pur:
» Près de nos serviteurs , dont les chansons rustiques
» Rappelleront la vie et les vertus antiques ,
» Nous encouragerons leurs pénibles travaux;
» Nous nous plairons par fois à compter nos troupeaux
» Et poursuivant ainsi notre paisible eourse,
» Sans efforts, du bonheur alimentant la source,
» Utiles, respectés , et de troubles exempts,
» Nous parviendrons en paix à l'hiver de nos ans ».
Sans doute cette vie, heureuse en apparence,
Sophie, offre au bonheur un champ qu’on croit immense ;
sans doute , on peut décrire un hymen bien uni,
Y joindre du village un portrait embelli
Et d’un touchant mensonge ornant chèque pensée,
Tromper innocemment sa ferveur peu sensée ;
Sans doute si le sort t’eût fait naître aux hameaux,
Tu pourrois, chérissant ton aveugle repos,
Près des simples témoins de ta première enfance
Passer en paix des jours filés par Pignorance ;
Mais crois-tu qu’élevée au centre des clartés