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tompte sur le succès de ce genre aïmable et bien français ;
même à côté de l’opéra italien.
Je vous parle du mélodrame en dernier lieu; ce n’est pas
Mépris de ce genre auquel les plus nobles muses se sont con-
sacrées sur les boulevards de votre capitale , mais il est le dernier
en date, et j'ai peur qu'il ne dépossède ses aînés : c'est un petit
taquin fort ambitieux, toujours armé de pied en cap, ami du bruit,
du feu, des batailles ; il éblouit,il étourdit , il intéresse qnelque-
fois, il amuse souvent, et il n’ennuie que les gens d’un goût
sévère. Or, ce nest pas sur eux qu’il faut compter pour la
recette. Par exemple, nous ne redoutons en Ce genre aurune
concurrence ; nous ayons le tyran le plus farouche , le héros le
plus énergique, la princesse la plus lamentable , l’enfant le plus
intéressant; nos brigands sont à faire trembler ; Mais notre niaïs
est à mourir de rire; nos paysannes et nos décorations très=
fraîches, nos balets jolis, nos danseuses très-éveillées et leurs
jupons fort courts. Vous voyez qu'avec cet ensemble de moyens
on ne peut manquer de succès, c’est-à-dire , de monde et d'ar-
gent. Aussi souvent le beau monde n’arrive qu’après la tragédie
et pour le mélodrame ; l’un soutient l’antre, c’est un fils qui
nourrit son père en attendant qu’il l’enierre. Notre journaliste
l’a prédit; je ne cesse de le citer parce qu'il n’est jamais du
même avis, et qu'après lui on ne court pas le risque de se
répéter. Nous avons donc monté beaucoup de mélodrames, et
cela en peu de temps; nos acteurs ont imaginé un moyen fort
adroit d'apprendre beaucoup et d'apprendre vite. Les premières
scènes jouées, ils ne s’attachent plus au sujet; le tyran dit dans