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arrivant, les amateurs trouvent la besogne faite. De leur côté,
mon bel amoureux a fait une fvgue sur les bords du Rhône ;
son second, que nous nommons ici le Talma de l'opéra
bouffon , joue le délire sur les rives de l'Escaut; un autre, très-
bon vivant , a été visiter les pâtés d’Amiens : trahit sua quem-
que voluptas. T'oui cela est fori bien ; mais pendant cette émi-
gration combinée de mes meilleurs sujets, j'ai sur les bras mes
gagistes, mes choristes, mes symphonistes et mes lampistes qui
meurent de faim ; et, tout directeur que je suis , je ne puis voir
ce tableau sans en être affecté. J'attends le retour de mes am-
bulans; je leur fais préparer la salle ; elle sera restaurée , peinte
à neuf : un vieil amateur m’a conse:llé de restaurer le réper-
toire ; l'y penserai.
Pendant l'absence de mon opéra comique, la manie de l’opéræ
Buf}a a gagné ici toutes les têtes ; une société d'amateurs a mis ce
genre à la mode , et nous n’entendons plus que de l’italien, où
soi-disant tel. Une jeune personne qui a la voix douce, flexible
et pure comme madame Barilli, étendue, forte et sonore comme
madame Festa, qui a de l'âme comme la Strinasachi, qui joue
comme feue Morichelli , réunit tous les suffrages; par malheur
elle ne sait pas l'italien; mais comme elle est provençale, vous
diriez du toscan daus une bouche romaine ; elle est très-habi-
lement secondée , et sauf les paroles qu’on n’entend pas, et la
musique que nous sommes un peu forcis de dénaturer, l’exécu-
tion est très-salisfaisante : le coup est porté ; la musique française
est frappée au cœur; nos compositeurs sont écrasés; dcjà dans
nos réunions on ne veut plus entendre rien qui ne soit du célèbre
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