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Déjà bouillonne à flots de pourpre et d’or :
Plus odorant que l’encens d’Idumée,
Ce doux nectar, ce liquide trésor
Déjà répand sur la terre charmée,
Les jeux, les ris, les folätres plaisirs ;
Les doux propos et les tendres désirs.
Je vois, je vois la coupe enchanteresse
De Polymnie animer les chansons ;
Dans ses rigueurs tempérer la sagesse,
Et dans les cœurs faire entrer ses leçons ;
Pour les combats enilammer la jeunesse,
Donner encor des sens à la vieillesse ;
Dans les revers consoler l’amitié ;
Rendre à l’amour ses douces rêveries,
Et rallumer dans les âmes flétries,
Les feux éteints de la tendre pitié.
La sombre crainte et les tristes pensées,
Divin Pacchus ! à ta voix sont chassées ,
Comme le jour fait, par ses traits vainqueurs ,
Fuir des Autans les humides vapeurs.
Des noirs cliagrins les pointes émoussées
Cessent par toi de déchirer les cœurs ;
Et la Discorde , oubliant ses fureurs,
Laisse tomber de ses mains céfaillantes ’
Et ses poignards et ses torches sanglantes !
Divin Bacchus ! ce sont la tes bienfaits !
Mais dans ces vers, Muse , qu’oses-tu dire ?