Full text: Almanach des dames (1810)

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mercie encore son bourreau de la froide et tardive pitié qu’il 
lui montre ; où le seul reproche qu’elle lui adresse est de 
l'avoir forcée de survivre deux ans à la perte du seul homme 
qu’elle. eût dû chérir. Voila, mon ami, dit-elle, le seul sen- 
timent d'amertume que je trouve dans mon âme contre vous. 
Et puis elle ajoute : Je voudrois bien savoir votre sort ; je vou- 
drois bien que vous fussiez heureux. + Quelle touchante 
sollicitude dans un tel moment! et pour qui ? Adieu, mon 
ami; si jamais je revenois & la wie, j'aimerois excore à 
l'enployer à vous aimer; mais il n'y a plus de temps. Que ce 
dernier adieu est déchirant ! quel remords il dut exciter dans 
l’âme de M. de G. ! Pauvre femme! oui, dussiez-vous me 
blämer moi-même , je ne puis vous le cacher, le sentiment 
qui l’emporte en moi en lisant ces lettres , c’est celui de la 
pitié; et quand ma raison condamne mademoiselle de Lespi- 
nasse, mon cœur me le reproche. 
Au reste, ce que vous dites d’elle et-de ses lettres, est ce 
qu’en disent tous les hommes et même beaucoup de femmes, 
ce qui est plus étonnant. Mais il y a bien des femmes qui ne 
connoissent pas le langage de l'amour, et pour les hommes... 
Renvoyez-moi mon recueil.
	        
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