Full text: Almanach des dames (1810)

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le dévouement , la parfaite abnégation de l’infortunée qui les 
écrit; et ce qui fait qu’on n’ose la blimer autant même qu'elle 
le mérite , c’est la délicatesse, la réserve, la pudeur qu’elle 
conserve dans toute la durée de sa lzaison , et qui prouvent :i 
bien que son cœur seul l’a entraînée, 
Vous me dites qu’il n’est pas prouvé qu’elle meurt de chagrin. 
Mais c’est ce dont personne n’a douté dans le temps’, quoiqu’ba 
N’ait connu qu’une partie de ses peines. Son médecin lui disoit : 
Nous n'avons point de remèdes pour les maux de l'âme. Elle 
rappelle cette expression dans une de ses lettres comme lui 
étant journalière. Flle répète mille fois qu’elle meurt de dou- 
leur, et je le crois, parce qu'elle le dit; car il n’y a qu’un 
homme qui puisse méconnoitre le caractère de vérité empreint 
dans ses lettres. Flle passoit pour être la personne du monde la 
Plus naturelle et la plus vraie. Ecoutez ce qu’elie dit d’elle- 
même : Fous connoissez une personne qui a été toute la vie 
dénuée des agrémens de la figure, et des grâces qui peuvent 
plaire , intéresser et toucher, et cependant cette personne a eu 
plus de succès, et a été mille fois plus aimée qu’elle ne pouvoit 
le prétendre. Savez-vous le mot de tout cela? C'est qu’elle 
& toujours eu le VRAI de tout, et qu’elle y a joint d'être 
vraie en tout, Et ceite justice qu’elle se rend avec tant de 
naturel et si peu d’amour-propre, on sent qu’elle la méritoit 
parfaitement. 
Elle n’est peut-être pas morte de chagrin ! Bon dieu! relisez 
donc seulement sa dernière lettre, écrite probablement la veille 
ou le jour de sa mort. Cette lettre si touchante, où elle re-
	        
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