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le dévouement , la parfaite abnégation de l’infortunée qui les
écrit; et ce qui fait qu’on n’ose la blimer autant même qu'elle
le mérite , c’est la délicatesse, la réserve, la pudeur qu’elle
conserve dans toute la durée de sa lzaison , et qui prouvent :i
bien que son cœur seul l’a entraînée,
Vous me dites qu’il n’est pas prouvé qu’elle meurt de chagrin.
Mais c’est ce dont personne n’a douté dans le temps’, quoiqu’ba
N’ait connu qu’une partie de ses peines. Son médecin lui disoit :
Nous n'avons point de remèdes pour les maux de l'âme. Elle
rappelle cette expression dans une de ses lettres comme lui
étant journalière. Flle répète mille fois qu’elle meurt de dou-
leur, et je le crois, parce qu'elle le dit; car il n’y a qu’un
homme qui puisse méconnoitre le caractère de vérité empreint
dans ses lettres. Flle passoit pour être la personne du monde la
Plus naturelle et la plus vraie. Ecoutez ce qu’elie dit d’elle-
même : Fous connoissez une personne qui a été toute la vie
dénuée des agrémens de la figure, et des grâces qui peuvent
plaire , intéresser et toucher, et cependant cette personne a eu
plus de succès, et a été mille fois plus aimée qu’elle ne pouvoit
le prétendre. Savez-vous le mot de tout cela? C'est qu’elle
& toujours eu le VRAI de tout, et qu’elle y a joint d'être
vraie en tout, Et ceite justice qu’elle se rend avec tant de
naturel et si peu d’amour-propre, on sent qu’elle la méritoit
parfaitement.
Elle n’est peut-être pas morte de chagrin ! Bon dieu! relisez
donc seulement sa dernière lettre, écrite probablement la veille
ou le jour de sa mort. Cette lettre si touchante, où elle re-