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Une quenouille seule occuperoit ma main 3;
Je ne connoitrois pas ces règles si frivoles
D'asservir la pensée au nombre des paroles ,
Et ne chercherois point par d’inutiles chants
À préserver mon nom des outrages du temps.
Sur moi la calomnie, au teint pale, à l’œil louche
N’auroit jamais versé les poisons de sa bouche ,
Et tranquille à l’abri de mon obscurité
J’aurois su de ses traits braver la cruauté.
Mais que dis-je ! ah ! plutôt sur ces rives fleuries,
Occupons noire esprit d'aimables rêveries !
Admirons de Thétis le spectacle imposant!…
Sur ses flois colorés des feux du diamant
Mon œil croit voir encor Vénus sortant de l'onde,
ll suit avec plaisir sa course vagabonde ,
Et bientôt daus mes mains un magique pinceau,
Aux mortels étonnés retrace ce tableau!.…
Douces illusions de l’antique Aonie,
Animez de ces lieux la riante féerie !
Peuplez nos bois naissans , nos jardins, nos guérêts ;
Que la ny mphe timide habite nos bosquets ,
Que du sang d’Adonis la rose se colore,
Et qu’au sein des forêts Echo soupiré encore!
Ainsi je charmerai nos tranquilles loisirs ,
Fulvie à m’écouler bornera ses désirs,
‘Et d’un art enchanteur aûmirant les prodiges ,
Elle suivra mon vol au pays des prestiges;