(1505
Dans nos rians jardins la tulipe élégante
S’embellit par nos soins d’une couleur brillante,
Fi la rose étonnée admire à ses côtes
Les pins d'Otaiti sur leur tige agités.
Tous irons dans les champs au lever de l'aurore
Voir l'éclat radieux dont le ciel se colore ,
Eniendre des oiseaux le concert matinal ’
Admirer cette paix, cet ordre sans égal
Qui , prouvant à l’impie un sublime architecte ,
Unit la terre aux cieux, unit l’homme à l’insecte.
Si nous nous asseyons sur ces gazons fleuris,
Quel spectacle charmant s'offre à nos yeux surpris ?
Ici de mille fleurs ce verger se couronne
Et nous laisse entrevoir les trésors de Pomone ;
Plus loin des prés rians appelant les troupeaux ;
La naïade tranquille y promène ses eaux ;
Les bois majestueux étendant leur ombrage
Bordent de ce vallon le riche pâturage ;
Et le berger sans art animant son hautbois
Méconnoît d’Apollon les tyranniques lois :
Heureux à peu de frais et sans philosophie ,
11 méprise les soins qui troublent notre vie.
O que ne puis-je aussi, près de ces clairs ruisseaux,
Errante sans dessein goûter un doux repos !
Que n’ai-je vu le jour dans une humble chaumière !
Conduisant mes brebis sur la verte fousère ,
Simple comme la fleur qui pareroit mon sein,