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» De l’avare tyran les coupables trésors
» Sur les mers emportés de Tyr quittent les bords,
» Et ce coup si hardi d’une femme est l’ouvrage.
» Dans ces lieux arrivée, où bientôt de Carthage
» Les orgueilleuses tours et les puissans remparts
» Vont , de leur vaste ensemble, élonner nos regards
» Pour y fixer son peuple , elle achète du Maure
» Le sol que d’un taureau le cuir pourroit enclore,
» D'où le nom de Byrsa que ces lieux ont reçu.
» Mais vous, quel est le sang dont vous êtes issu à
» Quelle est votre patrie à où tendoit voire course »à
« Ah ! si je reprenois nos malheurs dès leur source »;
Lui répond le héros avec un long soupir
« Et si de m’écouter vous aviez le loisir ,
» Je n’aurois pas encor tracé tant de désastres ,
» Que déjà de la nuit reparoîtroient les astres.
» Restes infortunés de l’antique Illion
» ( Peut-être jusqu’à vous est parvenu Ce nom),
» Dès ‘long-temps nous errons de rivage en rivage,
» Les vents nous ont enfin ietés sur cetie plage.
» Vous voyez cet Énée aux oracles soumis,
» Qui, s’arrachant des feux et des traits ennemis,
» Parcourt avec ses dieux les vastes champs de l’onde
» Et de qui les malheurs sont l'entretien du monde.
» Je cherche l'Italie où régnoient mes aieux.