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ll visite sonvent les villageois qu’il aime,
Et chez ces bonnes gens , de le voir tout joyeux,
Vient sans être attendu , s’assied au milieu d’eux ,
Ecoute le récit des peines qu’il soulage,
Joue avec les enfaus et goûie le laitage.
Un jour, loin de la ville ayant long-temps erré ,
Il arrive aux confins d’un hameau retiré,
Et sous un toit de chaume , indigente demeure ,
La pitié le conduit ; une famille y pleure.
Il entre, et sur-le-champ , faisant place au respect,
La douleur un moment se tait à son aspect :
O ciel! c’est monseigneur !… On se lève, on s’empresse ;
Ü voit avec plaisir éclater leur tendresse.
« Qu’avez-vous, mes enfans? D’où naît votre chagrin à
» Ne puis-je le calmer À versez-le dans mon sein ;
» Je n’abuserai point de votre confiance ».
On s’enhardit alors , et la mère commence :
« Pardonnez , monseigneur , mais vous n’y pouvez rien ;
» Ce que nous regreltons, C’étoit tout notre bien ;
» Nous n’avions qu’une vache !… hélas! elle est perdue;
» Depuis trois jours entiers nous ne l’avons point vue.
» Notre pauvre Brunon !…. Nous l'attendons en vain !...
» Les loups l’auront mangée, et nous mourrons de faim,
» Peut-il être un malheur au nôtre comparable ?
—» Ce malheur, mes amis 3 est-il irréparable,