C
294 ÿ
Et par un trait vulgaire , et sans art raconté,
Je ne veux ceite fois louer que sa bonté.
Victime de Pinirigue et de Ja calomnie ,
Et par un noble exil expiant son génie,
Fénélon dans Cambrai regrettant peu la cour ,
Répandoit les bienfaits et recueilloit l’amour,
Instruisoit, consoloit, donnoit à tous l’exemple !
Son peuple, pour l’entendre, accouroit dans le temple ;
Il parloit, et les cœurs s’ouvroient tous à sa voix.
Quand du saint ministère ayant porté le poids
Il cherchoit vers le soir le repos, la retraite,
Alors aux champs aimés du sage et du poëte,
Solitaire et rêveur il alloit s’égarer ;
De quel charme, à leur vue, il se sent pénétré !
F médite, il compose , et son âme l’inspire ;
Jamais un vain orgueil ne le presse d'écrire ;
Sa gloire est d’être utile : heureux quand il a pu
Montrer la vérité , faire aimer la vertu !
Ses regards animés d’une flamme céleste
Relèvent de ses traits la majesté modeste :
Sa taille est baute et noble; un bâton à la main ,
Seul , sans faste et sans crainte, il poursuit son chemin,
Contemple la nature , et jouit de Dieu même.