Full text: Almanach des dames (1810)

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sur les limites dc plusieurs défauts, mais elle les efleure légè- 
rement : lors mème qu’elle vous offre de douces erreurs elle 
semble vous avertir de vous tenir en garde contre elles. Ses lé- 
gers artifices sont plui = des fictions que des mensonges, il ne 
tenoit qu’à vous de ne pas y croire; vous les recevez comme 
d’agréables suppositions, vous Vous obstinez à les conserver 
comme de délicieuses réalités. Si vous êtes aimé, gardez-vous 
d'accuser l’art innocent qui vous fait errer par mille charmans 
détours aussi aimables que le but même. Est-on malheureux de 
parcourir toutes les gradations du bonheur ? La pudeur combat 
long-temps sans doute, mais quand elle cède un peu, ses dé- 
faites se succèdent avec rapidité : la coquelterie arrive pour 
prolonger sa défense et pouraugmenter le charme de la conquête. 
La gloire et la vertu même assujétissent à mille épreuves ceux 
qui en cherchent les nobles palmes , l’amour aussi doit avoir 
ses épreuves. Le plus délicieux des plaisirs perdroit bientôt 
tous ses charmes s’il en étoit le plus facile. Quelques légères 
pointes de douleurs-rendent plus exquis le sentiment de la vo- 
lupté. Une entière certitude d’obitenir, une entière sécurité de 
conserver laissent l'imagination dans une contemplation immo- 
bile; on ne voit tous les jours que le même tableau, on le voit 
tous les jours plus froidement. Je préfère mille fois à cette lan- 
guissante béatitude un doute qui penche vers l'espérance, quel- 
ques. alarmes qui demandent de nouveaux efforts et des efforts 
qui conduisent à un nouveau bonheur. Quiconque croit être 
assez aimé n’aime plus, ainsi qu’un ambitieux satisfait ne se- 
roit plus un ambitieux. Qu’importent d'injustes plaintes sk elles
	        
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