(109 5
LE TABLEAU D’UNE AUBERGE
Dans une même hôtellerie
Cinquante voyageurs arrivent à la fois ;
Tout retentit de leurs confuses voix ;
Chacun d’eux peste , jure, crie .
Et sans façon admis dans ce triste séjour,
Se plaint en haletant des fatigues du jour.
Précédé d’une fille à la démarche lente,
Chacun va visiter le modeste réduit
Où le sort le condamne à passer une nuit ;
Et voyant le grabat qui trompe son attente,
Gronde tantôt l’hôtesse et tantôt la servante.
Bientôt la faim a mis tout le monde aux abois:
J'entends près du foyer crier le tournebroche ;
L’airain propice a retenti deux fois,
Et du souper déjà l’heure s’approche.
Le tumulte s’accroit. Au milieu du fracas
Le maitre du logis , qu’un bonnet blanc décore
Au troisième signal de la cloche sonore
Sur deux rangs allongés fait aligner les plais,
‘Tandis que tout le monde arrive,