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On voyoit la fée apparoître,
Debout , au sommet des crénaux,
Là , sous les habits du veuvage,
Dans l’ombre elle poussoit des cris ;
Et ses cris étoient le présage
Du malheur qui frappoient ses fils.
Aujourd'hui , bien que dans la plaine
Le temps ait fait crouler ces tours ,
La mystérieuse fontaine
Sur ses bords la revoit toujours ;
On dit même qu’avant l’aurore ,
A tous les regards échappant ,
Elle vient s’y baigner encore,
Moitié femme , moitié serpent.
Et moi qui déplore comme elle
Un espoir lâchement trahi,
Moi qu’une maîtresse infidelle
Du plus tendre amour a puni ;
Quand la nuit couvre la colline ,
À cette onde mélant mes pleurs ,
De la plaintive Mélusine
J'aime à redire les malheurs.
M. S. E. GÉRAUD.
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