XXX
INTRODUCTION.
constante opposition de la sœur du Roi. Dès ce moment, il se
montra tout dévoué à Henri IV dont il appuyait constamment l’avis
dans le conseil. Il fit toujours paraître, dit Sully, son habileté
par son silence et par sa grande retenue à parler en public ( Mé-
moires de Sully, Collection Petitot, t. VIII, p. 71, 72); mais il était
le rival de Sully et se montra le constant adversaire des projets
que ce grand ministre avait sur l’Allemagne. Désireux d’opérer un
rapprochement entre le Roi et la maison de Habsbourg, Villeroi
s’efforça de détourner Henri IV de l’entreprise qu’il voulait ten-
ter: c’est même à cause de sa résistance qu’après la soumission
du duc de Bouillon, le Roi s’empressa de saisir le prétexte d’une
maladie qui n’avait rien de grave pour remettre ses fonctions à
Pierre Brulart. Villeroi continua néanmoins à participer aux tra-
vaux du conseil, mais il n’y exerça plus aucune influence jus-
qu’à la mort du Roi. A cette époque il prit une grande part à la
direction des affaires, et ce furent ses conseils surtout qui por-
tèrent la Reine Régente à s’éloigner des Princes Protestans pour
se réconcilier avec la maison de Habsbourg. Il contribua beaucoup
à donner alors à la politique française cette marche timide et va-
cillante qui caractérise la régence de Marie de Médicis. Il est mort
en 1617.
Brulart était le fils du chancelier de Sillery. Après la mort du
Roi, il se rattacha à la politique autrichienne; mais il finit par
se rendre suspect et fut enveloppé dans la disgrâce qui frappa
son père , lorsque Richelieu fut appelé à entrer dans le conseil,
en 1624.
Ces trois hommes d’état n’ont joué d’autre rôle dans notre cor-
respondance que d’avoir été initiés aux secrets qu’elle renfermait
et dont l’importance était telle que, depuis 1607, elle fut constam-
ment écrite en chiffres, mais d’anciennes copies authentiques se
trouvant jointes aux lettres originairement chiffrées, nous avons
pu les substituer aux lettres primitives. Toutefois quelques pas-
sages de plusieurs lettres n’ayant pas été traduits, nous n’avons
pas cru devoir les supprimer, quoique généralement on pût de-
viner le sens des chiffres par les réponses du Landgrave. Nous
nous sommes attachés à reproduire au contraire, dans toute leur
exactitude, ces chiffres dont nous n’avions pas la clef, et nous avons
donné quelques exemples des passages chiffrés dont la traduction