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CORRESPONDANCE
par ses ordinaires supositions. Je vous envoyé doncques une
copie de l’un et de l’autre escript, affin que vous sçachiez au
vrai ce qui est advenu en ce faict depuis le partenient du dit
Montglat. Je ne puis croire que mon cousin l’électeur Palatin
veuille préférer l'injustice de la cause du dit duc à la justice
de la mienne, ny son amitié à celle d’un Roy de France, qui a
tousjours affectionné sa prospérité, et qui a plus de moyen et
de volonté que jamais de la favoriser ; de quoy j’aurois grand
regret d’estre déceu de ceste opinion là.
J’ay receu vostre dernière, apportée par le présent messa-
ger David, laquelle j’ay trouvée sans datte (1). Jen’ay pas dé-
libéré, pour la guerre de Sedan, de discontinuer mon secours
ordinaire aux Estats du Pays Bas et en faveur des Suisses.
L’armée que j’ay dressée contre le dit duc de Bouillon seroit
mieulx et plus volontiers par moy employée, que contre cest
opiniastre; mais il importe tant à mon autorité, pour le pré-
sent et pour l’advenir, que je en aye la raison en une sorte ou
autre, que je ne puis ny doibs me départir de ce dessein sans
que j’en sois satisfaict.
Chacun tient la paix entre l’Empereur et les Hongrois pour
arrestée, ainsy qu’il est porté par vos dites lettres. Mais si les
Turcs n’y entrent, je ne pense pas que l’autre dure, ny mes-
mes s’effectue; en tout cas, il faudra que l’Empereur demeure
tousjours armé contre les dits Turcs, lesquels ont naguères
(1) Cette lettre ne s’est pas retrouvée, elle était vraisemblablement écrite en
chiffres, ainsi que la suivante du 15 mars 1606 (n° LXXI ci-après, p. 300),
que nous donnons d’après une ancienne traduction.