280
CORRESPONDANCE
dit sieur électeur avoit désiré prattiquer. Aussy ne puis je
croire que l’assemblée des électeurs, qu’aulcuns d’iceulx
avoient désigné à Gelnhausen, ville assise à cinq lieues de
Francfort, aille en advant; d’aultant que l’électeur Palatin est
résolu de ne s’y poinct trouver. J’auray l’œil ouvert pour tout,
et en donneray advis à Vostre Majesté.
Le sieur Molard, qui est celuy que l’Empereur avoit dépê-
ché, avec d’aultres, pour convenir des articles de paix avec le
Turc, est depuis peu retourné avec bonne satisfaction; si bien
que l’on lient la paix d’avec le Turc comme pour asseuré. Et
d’aullant que l’Empereur s’est résolu d’accorder l’exercisse de
la religion, quiesl le poinct principal; l’on tient qu'Illeshazy (1),
qui est arrivé de la part de Botskay à Vienne, pourra aussy
estre renvoyé content.
La fin de Brunswig est si doubteuse, que je ne sçay qu’en
escrire à Vostre Majesté. Elle est fort bien blocquée; mais, pour
en faire les approches et passer oultre, il faudra attendre une
aultre saison, et donner tout autlre ordre. Je ne sçay si la dite
ville, entre cy et là, vouldroit entrer en disculion, unique es-
pérance du dit sieur duc; ou attendre, résolue comme elle est
jusques icy, l’ordre que l’Empereur y pourra donner. J’ay en-
voyé au dit sieur duc deux ambassadeurs, à diverses fois, pour
l’exhorter à ung accord , pour lequel moyenner je m’y offrois;
(i) Illeshazy (Hélias Hasy), l’un des principaux chefs des Hongrois, était lieu-
tenant de Botskay, qui l’avait rappelé auprès de lui, après l’avoir injustement
envoyé en exil. Il était l’un des partisans secrets de l’archiduc Matthias, auquel
il fit décerner la couronne de Hongrie, après la mort de Botskay.