INTRODUCTION.
XXV
par un Roi de Lombardie (le duc de Savoie) devait chasser les Es-
pagnols de toute l' Italie. Ensuite cinq monarchies électives, dont
deux, la Hongrie (avec la Transylvanie, la Moldavie et la Valachie)
et la Bohême (agrandie parla Moravie, la Silésie et la Luzace), suffi-
saient déjà pour opposer un juste contrepoids à la maison d’Au-
triche, car le privilège constitutionnel de l’élection devait finir par
les faire passer à une autre dynastie. La monarchie d’Espagne et
le pays héréditaire des archiducs en Allemagne demeuraient l’apa-
nage de la maison de Habsbourg qui, dépouillée de ses autres pos-
sessions, eût été dédommagée de ses pertes en Europe, par ses
conquêtes dans les Indes Orientales et Occidentales, sauf la li-
berté du commerce.
La république chrétienne, sans favoriser la licence des esprits
et des sectes nouvelles , devait garantir liberté et protection aux
trois religions principales, les religions catholique, luthérienne et
calviniste; ce que l’Allemagne n’a depuis obtenu que par la paix
de Westphalie. Enfin pour rendre ce nouyel ordre de choses per-
manent et invariable, pour substituer le droit à la force, Henri IV
voulait organiser un conseil général, un tribunal suprême de
l' Europe, chargé de décider en dernier ressort toutes les ques-
tions d’intérêts particuliers qui pourraient donner lieu à quelques
collisions entre les divers états, et toutes les puissances composant
la république chrétienne, devaient s’engager à faire exécuter les
arrêts de ce conseil.
Quant à quelques projets réservés, comme l'exclusion des Mos-
covites et des Turcs des limites de la république chrétienne, il faut
peut-être les attribuer à ces idées vagues que Villeroi aimait à ap-
peler les fantaisies du duc de Sully.
Mais surtout il ne faut pas croire que Henri IV, en entreprenant
une œuvre si longue et si difficile, en se réservant de faire accep-
ter, parla puissante maison de Habsbourg, ce plan gigantesque,
de gré ou de force , eût résolu d’en précipiter l’exécution par une
attaque subite et injuste. Depuis long-temps il avait gagné les prin-
ces et les gouvernernens ennemis naturels de la domination es-
pagnole et autrichienne , en Allemagne, en Italie et eu Angleterre;
le fils aîné de Jacques I, le prince de Galles lui avait même promis
un secours éventuel. Les princes, les plus intimement initiés à ses
projets, le Landgrave de Hesse, le prince d’Anhalt et Maurice d’O-
range,qui eux-mêmes les avaient en partie proposés,ne les avaient