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CORRESPONDANCE
augmente à bon droit mon mescontentement, et m’oste par
mesme moyen l’espérance d’une vraye contrition et repen-
tance. C’est pourquoy je vous prie de cesser et rompre la
négotiation, que j’avois trouvé bon que vous entreprissiez avec
luy pour mon service et contentement; car les choses estans
aux termes ausquels elles se retrouvent, j’en recepvrois tout le
contraire, et je sçay bien que ce n’est vostre désir ny vostre
but ; car vous affectionnez par trop le bien de mon royaume
pour vouloir estre instrument et entreméteur d’une action qui
luy doibve estre préjudiciable et à moy désagréable. Vous
n’estes de ceux aussy, qui préfèrent l’amitié du dit duc à la
mienne; qui veulent que j’endure de luy ce qu’ils n’endure-
royent du moindre ny du plus grand de leurs subjecfs et ser-
viteurs; et qui adjoustent plus de foy à ses desguisemens qu’à la
vérité et intégrité de mes actions.
Quant à l’accord d’entre le roy de Pologne et le duc Char-
les de Suède, duquel je vous ay escript par ma dernière avoir
de nouveau esté recherché et prié de m’entremettre, c’est un si
bon œuvre qu’il doibt estre favorisé par tous ceux qui ont pou-
voir de le procurer ; c’est pourquoy, puisque vous avez esté
requis de vous y employer, je vous conseille de le faire; et
néantmoins, je vous sçay bon gré du respect que vous avez
voulu me defférer en ceste occasion, (1)
(1) Malgré l’importance que Henri IV attachait à la conciliation des dif-
férends entre le roi de Pologne et le duc Charles de Suède, la guerre continua-
entre ces deux princes. Dans l'ignorance où l’on est des causes qui empêchèrent