CORRESPONDANCE
me fit faire par son dit escuyer un long récit du désir qu’il a de
contenter Vostre Majesté, je pensois estre mon debvoir, et né-
cessaire pour le service de Vostre Majesté de l’en advertir. Mais
estant survenues ces nouvelles brouilleries, dont je suis très
marry, je ne sçay, comme je me doibs gouverner doresnavant
en cest affaire. Car d’importuner trop Vostre Majesté, qui a vé
ritablement raison de se sentir extrêmement offensée par ces
menées là, je ne le voudrois faire pour chose du monde, d’aul-
tant que je puis tesmoigner, qu’il n’y a aucune chose, que je
desire plus, que de me voir conservé en vos bonnes grâces.
De l’autre costé, sachant et voyant que Vostre Majesté n’a
changé pourtant ny altéré son naturel ny son inclination, si je
pouvois obtenir à un sien ancien serviteur et subject grâce,
pardon et amnistie des choses passées , je me répulerois
heureux ; toutesfois je m’y gouverneray seulement selon le
bon plaisir de Vostre Majesté. Je ne me puis assez esmerveiller
de ce que le dit duc ose dire de quelques intelligences ou se-
cours, qu’il pourra tirer d’Allemagne. Vostre Majesté juge très
bien, par sa prudence et expérience des choses du monde,
que ce secours là sera plus en imagination que autrement.
Vostre Majesté sçait le misérable estat des affaires en Hon-
la ville et forteresse de Sedan , pendant l’absence du duc, en cas qu’d allât à
Paris, qu’il serait à désirer que le Landgrave envoyât, dans cette ville, non
pas seulement une personne de confiance, mais un de ses fils (Ce n’est qu’en
1610 cependant que le Landgrave, envoyant son fils aîné Otton en France,
lui ordonna d’aller à Sedan, où il apprit les premières nouvelles de la mort
du Roi).