DE HENRY IV.
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diverses jugemens de plusieurs qui jugent des affaires de ce
monde. Quant à moy je ne sçay comme cela s’est passé, mais
je vois que la lubricité des gens, qui manient les affaires des
princes , est vrayement partout et tellement cognue, que j’ay
peur quasi d’entreprendre doresnavant une chose qui peut
estre blâmée des envieux. (1)
Je supplie Vostre Majesté de croire que je n’ay aucune cor-
respondance avec le duc de Bouillon ; je ne veux excuser son
faict, comme je ne puis, ains seulement je prie Vostre Ma-
jesté très humblement qu’elle ne trouve mauvais ce que j’ay
faict jusques au présent. J’ay despêché , incontinent après
son retour, le dit Widemarkre vers Vostre Majesté, qui vous
donnera récit des choses que j’ai désiré faire pour le bien de
vostre Estat; la priant de ne doubter aucunement de ma
sincère et très fidèle affection, dont je me sens tellement
obligé à Vostre Majesté que je ne le sçaurois exprimer par
lettres.
Il est bien vray, Sire, que j’ay discouru avec le sieur de
... (2) votre ambassadeur résident en Suisse, du faict du duc
de Bouillon, et que je luy ai voulu seulement parler du faulx
rapport qui a esté semé du voyage du sieur de Montluet ;
(1) Il paraît que cette découverte, dont les circonstances sont d’ailleurs in-
connues, contribua beaucoup à rendre le Landgrave plus circonspect. C’est
peut-être à cet événement qu’il faut attribuer la résistance qu’il apporta,
malgré les invitations réitérées de Henri IV, à entrer dans l’Union dirigée par
l’électeur Palatin , à laquelle il accéda seulement vers la fin de l’an 1609.
(2) Caumartin.