XX
INTRODUCTION.
maturité, pour être communiqués au moyen de dépêches et de
lettres contresignées, comme celles-ci, par des secrétaires et des
ministres d’état. D’ailleurs l’exécution de ces projets européens
ayant été rompue tout-à-coup par la mort de Henri IV, il est
à présumer que les principaux documens qui se rattachaient à cette
négociation, ainsi que la correspondance qui s’y rapportait, ont
été anéantis ou tout au moins retirés de leurs archives par les
Princes intéressés, et surtout par ceux qui étaient dans la dépen-
dance de l’Empire; c’est pour cette cause sans doute, comme on
peut le remarquer, que, depuis le moment où Henri IV commença
à entreprendre sérieusement l’exécution, de ses desseins européens,
c’est-à-dire depuis l’ouverture de la succession de Clèves et Juliers
(en 1609), la correspondance même que nous publions, se trouve
en partie mutilée.
Mais ce qui nous en reste n’en offre pas moins un immense
intérêt. En effet, par celte correspondance intime entre un Roi
catholique et un Prince protestant, nous sommes initiés à toutes
les affaires de l’Europe ; elle nous montre à découvert toutes les
intrigues politiques qui s’agitaient alors , et nous y trouverons
même tous les moyens de deviner ce qu’elle ne nous dit pas explici-
tement. Elle nous montre d’abord tous les préparatifs tentés pour
l’élection d’un roi des Romains; puis nous assistons à l’entrevue
secrète du Landgrave et du Roi de France; enfin nous voyons ces
deux redoutables adversaires de la maison de Habsbourg, tra-
vailler de concert et sans relâche à former l’Union, afin de mettre
des bornes aux envahissemens de cette ambitieuse maison qui pré-
tendait à la domination universelle. Grâce à leurs constans efforts,
au moment où s’ouvre la succession litigieuse de Clèves et de Ju-
liers, cette Union est accomplie, et lorsque la guerre, si long-temps
comprimée finit par éclater, le prince d’Anhalt et le fils aîné du
Landgrave sont chargés d’aller porter au Roi les pièces les plus im-
portantes sur la constitution de l’Empire. De vastes desseins allaient
donc être mis à exécution lorsque le poignard de Ravaillac vint
tout arrêter et frapper le Landgrave d’une inexprimable terreur.
Les mémoires de Sully, ami et confident du Roi, et quelques
historiens contemporains parlent d’une manière précise des grands
projets de Henri IV, sur lesquels notre correspondance offre tant
de révélations importantes. Il est donc hors de doute qu’ils ont
été réellement conçus parle Roi ; voyons donc quel était le but de