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CORRESPONDANCE
bre de quelque prétention, en voudront tirer chacun sa pièce.
En Hongrie, la rébellion s’augmente de jour en jour, et est
à craindre qu’elle ne s’espande partout le royaume et les pays
circonvoisins de l’Empereur, dans lesquels on a commancé
aussy maintenant de contraindre le peuple à la religion ro-
maine; ce que me semble fort mal propre en ce temps ici, où
l’Empereur a la guerre contre un ennemy si puissant sur ses
bras. Et est véritablement à déplorer que les Chrétiens, à cause
des différons de la religion, perdent une occasion si advanta-
geuse qu’ils avoyent sur les Turcs, l’empire duquel commen-
çoit, par la guerre de Perse et les divisions intestines, à dé-
cliner. Le pays de Transylvanie et la plus part de la haute
Hongrie sont après de s’accorder avec le Turc, et de se met-
tre entièrement hors de l’obéissance de l’Empereur. Sa Ma-
jesté, encores qu’elle y ait envoyé le colonel Basta et le sieur
de Collonitsch avec leurs forces, pour remédier à ces révoltes,
n’a rien profité; et sont en danger de perdre leur armée. On
impute la cause de ces maulx à la mauvaise procédure du
conte de Beliogiosa. (1)
Je trouve, Sire, les raisons de Vostre Majesté si prégnantes,
que je suis de mesme advis que Vostre Majesté faict bien de
différer encores l’ambassade en Allemagne, jusques à ce
que les affaires soyent un peu en meilleurs termes qu’elles
ne sont à présent.
Je n’avois rien entendu du bruict louchant le duc deBouil-
(1) Voyez l'Histoire de Hongrie, par Fessler.