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CORRESPONDANCE
qu’ils ont faict avec moy, il n’aura grand subject de s’en louer.
J’ay encores découvert, ces jours passés, une nouvelle partie
et conspiration, qu’ils avoyent dressée contre mes enfans et
mon royaume, laquelle a esté, par la grâce de Dieu et la vi-
gilance de mes bons serviteurs, renversée, comme les précé-
dentes, ainsi que vous dira le dit Widemarkre. (1)
Au reste, j’ay pris en bonne part la requeste qu'il m’a faicte
de la vostre, car je suis sy asseuré de la perfection et sincérité
de voslre amitié, que je croy fermement que vous n’avez esté
poussé à ce faire, ainsy qu’il m’a protesté, que de la seule con-
sidération de mon propre bien et honneur ; et néanmoins re-
cognoissant ne pouvoir condescendre à vostre désir en ceste
occasion, avec ma seureté et dignité, comme il convient, les
choses estans aux termes où elles sont, pour les raisons que
j’ay dictes au dit Widemarkre, je vous prie estre content de la
responce que je lui ay faicte sur ce, et croire que, pour vostre
considération je me serois eslargy davantage, si j’eusse peu
trouver moyen de le faire honorablement et utilement. Mais il
est difficile de garir un malade qui non seulement rejecte les
remèdes propres à sa garison, mais qui préfère ceux qui luy
sont les plus contraires et nuisibles aux plus salutaires, ainsi
que faict celuy duquel m’a parlé le dit Widemarkre; comme il
(1) Ce fait se rapporte à la trahison d’un secrétaire de Villeroy, qui s’était
laissé corrompre par la cour de Madrid. On vit, bientôt après surgir la con-
spiration de Mérargues, également fomentée par l’Espagne. (V. Flassan ,
p. 231-232 tom. II , et les Mémoires de Sully (Collection de Petitot,
tom. V), ainsi que les lettres suivantes.