DE HENRY IV.
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la paix, que à continuer la guerre, sans estre entré plus
avant en discours avec moy des moyens qu’il prétend em-
ployer pour l’un et pour l’autre; m’ayant parlé de toutes choses
fort généralement, sans avoir recherché mon aide et entre-
mise au faict de la dite paix, ny avoir faict démonstration de
desirer de moy aucun office d’amitié en ce qu’il a charge
d’exécuter. Et luy ayant demandé s’il passeroit bientost en
Angleterre, il m’a respondu qu’il ne s’y embarquerait sans
grandes considérations. Or nous sçaurons bientost comment
il s’y conduira; mais j’ay bien opinion que son arrivée et ré-
sidence auprès de l’archiduc Albert n’amandera pas leur af-
faire, à cause de la discorde que y apportera. J’ay adverli de
tout mon bon frère le ray d’Angleterre, lequel continue à
m’asseurer qu’il ne traictera rien avec les dits Espagnols et l’ar-
chiduc Albert au préjudice de ses bons amys et mesme des
Etals des Pay s Bas, ny sans me le communiquer et en avoir
mon advis, quoy faisant j’espère qu’il s’en trouvera bien et
la cause publique. (1)
(1) On loue, en cette occasion, l’adresse et la magnanimité de Henri IV,
qui, se mettant au-dessus des préjugés des nations, et dissimulant son juste
ressentiment des perfidies de l’Espagne, fit une réception si affable à l’am-
bassadeur espagnol, que celui-ci « vaincu par les effets d’une politique ignorée
de beaucoup de princes, celle du cœur, » devint partisan zélé du Roi de France,
dont il parla, lors de son retour à Madrid, avec une estime et un attachement
sans bornes (Flassan , p. 223). Mais ne faut-il pas plutôt admirer l’adresse de
l’ambassadeur espagnol, qui exécuta les desseins de l’Espagne et de l’archi-
duc Albert (subvenir aux frais immenses de la guerre des Pays-Bas, et
priver les sujets des États confédérés de ce pays des bénéfices du commerce