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CORRESPONDANCE
tenter; encore que j’ay bien opinion qu’il prendra, au com-
mencement de son règne, plus garde à maintenir son pays en
une tranquillité, que de se charger fort franchement des
guerres étrangères.
La ville de Genève a eu auprès de moy et autres estats af-
fectionés à la cause commune, un député pour implorer nostre
aide en matière d’argent à l’encontre de leur voisin ; j’espère
que leur négoliation ne sera point inutile, et sçaura icelle
ville en brief nostre entière résolution, qui suis très marry
que ces bonnes gens ne sont assistez de par delà, comme
nous tous eussions bien espéré.
L’Empereur n’a pas faict entammer un seul mot à Ratis-
bone pour la paix entre Sa Majesté et le Turc. Pour les affai-
res de Transilvanie, elles commancent à s’en mieux porter,
ayant, depuis naguères, Moyse Cicule eu du pire en plusieurs
rencontres. Je n’ay pas encores sceu la response que le duc
Charles de Suède aura faicte sur la proposition de Votre Ma-
jesté ; si tost que je l’auray receue, je ne faudray de vous la
faire tenir. Quant au surplus de ce que c’est passé par deçà,
Widemarkre en fera fidèle rapport à Votre Majesté, que je
dépêcheray en brief à la court : qui, en attendant, prie le
créateur, Sire, de donner à Votre Majesté heureux accomplis-
sement de tous vos désirs.
De Schmalkalden , le 5 de juillet 1603.
Maurice L. d. H.