DE HENRY IV.
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pagnols contre mon estat; c’est un crime de lèze majesté au
premier chef, duquel la justice et conoissance appartient,
privativement à tous autres parlemens de mon royaume ( es-
tant mesmes question de persones de sa qualité ), à celuy de
Parys , où il y a une chambre establie comme ailleurs pour
rendre justice à mes sujects de la dite religion ; de laquelle
nul d’iceux ne s’est encore plaint depuis sa création. Mais je
n’avois encore pensé ny parlé de mettre ledit duc de Buillon
en justice ; je faisois estat seulement de l’ouïr, et moy mesmes
prendre conoissance du fait, entendre ses raisons et favoriser
sa justification de tout mon pouvoir, devant que de l’exposer
au jugement de mes officiers, pour l’affection particulière que
luy porte. Dont, si on luy a donné ou s’il a pris autre impres-
sion, il m’a fait grand tort et à luy aussy, car comme il a esté
nourry auprès de moy, et qu’il en a reccu tous les honneurs ,
dignités et biens qu’il possède , il a deu mieux conoislre mon
naturel, du tout adonné à la clémence et à la rectitude. Cela
seul est suffisant pour faire croire à tout le monde que sa
conscience a troublé son jugement, et de faire estimer vérita-
ble ce dont il est accusé ; chose que personne ne pouvoit
croire : de quoy je vous diray de rechef, mon cousin, que je
suis très déplaisant, et je le seray encores plus s’il entreprend
de troubler le repos de mon royaume, sous quelque prétexte
que ce soit. Pour les raisons que je vous ay escriles par ma
dite première lettre, je continueray à vous tenir adverti de ce
qui en succédera.
Cependant je vous prie me faire sçavoir de vos nouvelles, et