DE HENRY IV.
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continuer ce discours ; mais je le rompis, n’étant plus avec lui
sans témoins. 11 me conduisit alors au jardin, où il me donna
occasion de remarquer combien il portait encore d’intérêt à
la cause de la religion (réformée). Après avoir discouru de
la chasse, du jeu de dés et autres choses semblables, il monta
enfin à cheval, m’assignant à Saint-Germain le second ren-
dez-vous.
« Le 1 er octobre, on me conduisit à Saint-Germain, nouvelle
habitation du Roi, et comme je considérais les choses dignes
d’attention, et me promenais sur la grande terrasse, le Roi
m’aborda, avec les ducs de Montpensier et d’Esguillon, disant
qu’il ne craignait de ma part aucune défiance envers la Reine,
quoiqu’elle fût issue de la maison d’Autriche (1) ; car non-
seulement elle avait reçu une éducation opposée aux maximes
des Espagnols, mais elle avait appris par expérience combien
ils étaient habitués à la dissimulation, ajoutant qu’elle dé-
sirait bien plus d’ailleurs l’agrandissement de son mari et de
ses enfans que celui de ses parens. Je m’excusai en termes
généraux, ce dont il parut satisfait ; mais il voulut néan-
moins mettre dans la confidence ses serviteurs, tels que Ville-
roi, Bellièvre et autres. J’y consentis ; mais comme il se mit à
vanter sa propre confiance dans le Pape, alléguant, pour la
justifier, diverses raisons : principalement que le Pape dési-
rait maintenir la bonne intelligence entre l’Espagne et la
(1) Marie de Médicis, était fille du duc François II de Florence, et de
Jeanne d’Autriche, fille de l’empereur Ferdinand I.