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CORRESPONDANCE
la messe, le cardinal de Joyeuse faisant les autres offices (l).
La cérémonie finie, j’assistai, dans l’archevêché, au repas du
Roi et de la Reine, après lequel le Roi passa dans le grand salon
au dîner des Suisses, où il but à leur santé. A cette table se
trouvaient un grand nombre de seigneurs et les princes fran-
çais, savoir : les princes de Condé et de Conly, le comte de Sois-
sons, le duc de Montpensier, le Connétable M. de Montmo-
rency, le duc d’Esguillon , le prince de Joinville, le comte de
Saumarive, le duc de Montbason et l’Amiral de la maison de
Montmorency; même la Mathurine, folle du Roi, y était (2).
Les ducs du Maine et de Nemours s’étaient excusés; mais le
comte d’Auvergne, acteur principal dans la conspiration de
Biron, qui, après sa condamnation judiciaire, avait obtenu du
Roi sa grâce, eut l’impudence d’y prendre siège entre les ducs
d’Esguillon et de Joinville. Quelque temps après, ayant reçu
des nouvelles d’Allemagne, je demandai la permission de pren-
dre congé du Roi. Le 15, j’eus une dernière conférence avec le
(1) « Un peu de temps après, l’évêque de Valence voulant commencer la
messe, lesdits Suisses protestans sortirent l’un après l’autre hors du chœur
après avoir fait une profonde révérence à S. M. passant devant sa chaire ; et
se retirèrent au haut du pulpilre où étoient Monsieur le Landgrafe de Hessen,
Maurice, avec l’Administrateur de l’évêché de Strasbourg et plusieurs autres de
la religion ( réformée ), qui tousjours demeurèrent couverts, jusqu’à ce que la
messe fût entièrement dite. Celte finie, les protestans Suisses descendirent du
pulpitre et vinrent se remettre à leurs premières places. » Journal de l’Etoile.
(2) Ce fut elle qui se trouvant avec le Roi, en 1594, lorsque Jean Châtel
le frappa d’un coup de couteau, contribua à faire découvrir sur-lé-champ le
meurtrier.