Staatsarchiv M
J ses lecteurs , et scntoit q^QpPür cela il
viueiablement abre'ger le roman : il s’est donc permis de
-livreuses suppressions , et c’est là principalement ce qui a causé
son retard. M. Breton ( c’est le nom du dernier arrivé ) ne doit
pas être puni d’avoir eu plus de goût que son devancier, et tout un
volume d’ennui qu’il nous a épargné , n’est pas une médiocre con
sidération en faveur de sa traduction. Je me bornerai à lui faire
observer que l’abrévialeur d’un roman ne doit pas écrire dans sa
préface , qu’il a conçu et rnuri le plan de son,ouvrage : il faut laisser
quelque chose à dire aux hommes de génie et de talent qui entre
tiennent le publie de leurs travaux:. Passons au romande M. Goethe.
Deux époux, Edouard et Charlotte , vivent à la campagne dans un
état de bonheur tranquille qui approche fort de l’ennui. Edouard ,
las le premier de la monotonie du lèlQ-à-tète, propose à sa femme
d’admettre en tiers, un capitaine , son ami d’enfance, homme
instruit et aimable, que la fortune a peu favorisé. Charlotte oppose
d’abord à cet arrangement des raisons et des pressen tiinens tout aussi
vagues les uns que les autres ; mais enfin elle y consent, à con
dition qu’il lui sera permis de faire venir auprès d’elle sa nièce
Ottilie. Le double accord s’exécute : voilà le capitaine et Ottilie fixés
au château. Qu’en arrive-t-il ? Que les deux nouveaux venus se
prennent d’amour l’un pour l’autre ? Point du tout. Edouard devient
éperdument amoureux d’Ottilie , qui le paie d’un retour fort tendre;
et le capitaine, plu» discret, soupire tout bas pour Charlotte, à qui
l’ami de son mari semble fort aimable. Telle est la disposition des
cœurs, lorsqu’arrive au châtean un couple de vieux amans , dopt
l’un attend le veuvage de l’autre pou.’ l’épouser , parce qu’un entêté
de mari ne veut pas consentir au div’orce , seulement, je crois,,
pour les faire enrager , et qui se consolant de celte petite contra
riété , en arrangeant pour l’été des rencontres aux eaux et dans les
' ferre* de leurs »rois-. Après le souper, le cwnlîP^ l’un des voyageurs,
rappelle à Edouard ,que dans leur jeunesse il lui a procuré complai
samment les moyens d’avoir la nuit quelques heures d’entretien
avec Charlotte, qui n’étoit encore que sa maîtresse; et ce prtit récit
l’amène tout naturellement à demander le même service à Edouard.
Edouard le conduit à l’appartement de sa chère baronne , et lui-
même se trouve près de la chambre à coucher de sa femme . non loin
de celle d]Ottilie L’heure et le voisignage réveillent en lui de cou
pables pensées. Le coeur plein d’Ottile , chez qui il ne peut pas
entrer , il frappe à la porte de sa femme , laquelle croit, ou peu s’en
faut , ouvrir au capitaine , dont l’image l’obsède en ce moment; et
ces deux époux, donnant le change à leurs sens au moyen de leur ima
gination, commettent en idée un double adultère, dont le fruit doit
en offrir l'indice dans un mélangé singulier des traits du capitaine et
de ceux d’Ottilie. Charlotte veut, mais trop tard , ramener 1 inno
cence et le calme dans son asile; elle persuade au capitaine de
s’éloigner, et demande . pour prix de ce sacrifice , qu’Ottilie soit
renvoyée à sa pension. Edouard n’y veut point consentir. C’est lui-
même qui abandonne le château , en déclarant qjie si jamais Ottilie
en sort, elle sera de bonne prise pour lui. lie sa retrait», il envoie
demander le divorce à sa femme ; celle-ci répond qu’elle est enceinte*
et le négociateur, n’insiste pas. Edouard ne voit d’autre moyen pour
sortir d’inti igné , que d’aller se famé tuer à la guerre : il ne peut en
venir à bout. Alors il reproduit la proposition du divorce , et il en
charge rette fois son ami le capitaine , qu’il intéresse au succès,
de l'affaire en lui offrant la main de sa femme. Pendant que le capi
taine court-après Charlotte, que je ne sais quel molifa fait sortir de
chez elle, Edouard , impatient d’apprendre le résultat de l’entretien,
entre lui-même dpns le parc, et y rencontre Ottilie tenant dans ses.
bras cet enfant dont j’ai parlé. Voulant retourner au château par le
chemin le plus court, Ottilie s’embarque sur. une pièce d’eau, y
laisse tomber l enfaot et l’en relire sans-vie. Charlotte, en rentrait;.
voit Ottilie évanouie sur le plancher, auprès de son enfant mort; le
capitaine survient, et , plus empressé, soit comme ami, soit comme
amant , qu’il ne convient dans une si horrible circonstance , rl fait
part à Charlotte des nouvelles instances de son mari pour le divorce,
sans oublier l’intérêt qu’on a permis à son amour de prendre à la
réussite de cette demande. Charlotte, qui apparemment ne trouve pas,
comme nous , que le moment soit si mal choisi, accorde le divorce ,
et demande quelque temps pour le reste ; mais Ottilie qui , entre
autres singularités de son organisation, â le don d’entendre fort nette
ment ce qu’on dit pendant qu’elle est évanouie, s’avise, pour la pre-
inière fois, de voir avec horreur les projets d’Edouard , et déclare
qu’elle ne sera jamais son épouse. Dès-lors elle fait le vœu de ne plus
proférer une parole; et bientôt, ce qui est plus dangereux encore, elle
s’abstient presque totalement de nourriture, et fait manger en secret
son dîner par uns jeune fille qui la sert. Enfin elle meuCl d’inanition;
la jeune fille devient folle, et du haut d’un grenier se jette dans la rue
au moment où passe îe convoi de sa maîtresse. On la croit morte ou
mourante ; mais à peine elle a touché le corps d’Ottilie , qu’elle se
relève , marche et agit aussi lestement que si elle fût descendue par
l’escalicr. Peu de temps après , Edouard , qui éloit revenu s’établir
au château , est trouvé mort dans sa chambre , sans qu’on puisse le
soupçonner d’avoir lui-même terminé ses jours. Que dèviennenî
Charlotte et le capitaine ? C’est ce qu’on ne nous dit pas ; mais d’après
' ce que nous savons de leur Caractère et de leur hunieur, rien ne nous
empêcha de croire qu’ils se marient à' la suite de toutes ccs affreuses
catastrophes, et qu’ils vivent fort heuréujt ensemble.
Voilà tout ce qu’en suivant exactement le fil de l’action j’ai pü
rencontrer sur ma route de personnages et d’événémens. J’ai laissé
• à droite et à gauche uue foule de scènes accessoires et d’acteurs se
condaires , qui embarrassent fort gratuitement la marche du roman ,
qui se présentent sans être «Menés-,■ qui dîsparoissent sans ayçir lien
-"—'‘"'■»"ii ■ im to.—.. ■ ■ r.i ...l-j
produit. Les Allemands appellent cela de là vérité. De combien d’in-
cidcns ne sommes-nous pas témoins; sombien de gens ne rançon-*-"
Irons-nous pas chaque jour, qtïi n’exercent aucune iuflueïice Sur,
notre destinée , et ne laissent aucune U ace dans notre Souvenir?
Pourquoi n’en plar.eroit-on pas de semblables dans un Coman , qui
doit être l’image de la vie ? Parmi ces personnages subalternes ,• if
en est un , toutefois, qui joue un assex long rôle: C’est Millier v
homme singulier dönt le nom en allemand signifie médiateur, eè
qui pousse la manie de concilier jusqu’à sortir en fureur de chez
ceux (fui l’ont fait appeler sans être ensemble, à Couteaux tirés. Cd
rple n’est qu'une caricaturé, qui ne sêroit pas soufferte au théâtre, où!
l’ou permet cependant d'outrér les caractères et les ridicules. S’il!
pouvoit exister au monde ün fou comme Mittler , du moins les gèn#
sensés n’invoqueroient pas sa médiation dans leurs affaires les plu#
importantes, comme font Édouard et Charlotte. Â la Vérité
Edouard a bien ansxi sôii rô'iû de folie; il a beaucoup de foi au#
pressentiniéns : il possède un verre qui lui sert de talisman 5 èd
verre tombe-t-il à terre sans se briser , C’est le présage d’un grà’ù«
bonheur; se brise-t-il, c’est le pronostic d’une mort prôibainéî
et tout cela arrive comme lé vefre l’a prédit. La passion d’Edouard
pour Olt'flie est fondée sur cer aînés conformités d'0'rganisali.6nt
physique entre les deux aVnaris, desquelles résulte une sympathie
invincible qui semble servir d’excuse à' leurs penchans vicieux. Ce?
mélange de matérialisme et de fatalité attirerait de fort’ justes’ Ce-*
proches à tout écrivain français qui lé ïaisseroit apercevoir dair?
ses ouvrages : ràais ne Considérons ici qùe la niaiserie dé lôus Ce#
prétendus rapports sympathiques. Habrttiellemmt Edouard alla fnî J
graine du côté droit , cf Ottilie du Côté gauche. Poutqucd pM - àii
même Côté ? G’est qù'apparamment, oélon fa doctrine sympa
thique , les rapports s'établissent ên cens contraire. Ottilie Copié
u» acte écrit de la mainr d’Edouard ÿ soir écùtùrè/ qàr ai? céfc'tifaifK