CORRESPONDANCE
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Quant à ce qu’a dit le chargé d’affaires, d’une proposition
d’alliance générale contre les Turcs, S. A. la juge aujour-
d’hui plus que jamais digne de considération. Mais comme
jusqu’ici l’Empire des Turcs n’a dû ses plus grands accrois-
semensqu’aux funestes dissensions des princes chrétiens, ce
sont les fauteurs de ces dissensions qu’il faut accuser des
malheurs de la Chrétienté qu’ils ont comme livrée à ses en-
nemis. En effet, peu soucieux du salut commun et ne son-
geant qu’à leurs intérêts, ils ont mis la discorde entre les
princes chrétiens, puis après les avoir affaiblis, ruinés par
des défaites mutuelles, ils les ont exposés, désunis, aux efforts
des Turcs pour qu’ils fussent écrasés. Qui voudrait, en effet,
aller combattre les barbares en Thrace e en Dalmatie, au
profit de ceux dont il faut craindre les armes dansses propres
foyers? Puisque cet ennemi dont la puissance est si formida-
ble, regarde d'un œil dédaigneux les efforts désunis des Chré-
tiens , et que même leur alliance ne paraît pas lui inspirer
de crainte bien sérieuse , il faut sans doute réunir contre
lui toutes les ressources de la Chrétienté ou souffrir qu’il
appesantisse son joug sur nous et nous traite encore plus
honteusement que les Juifs. Plût à Dieu que les princes chré-
tiens eussent considéré en temps utile cette situation, et que
renonçant à leurs guerres mutuelles, oubliant leurs que-
relles et toute ambition, ils eussent déjà tourné leurs armes
réunies pour la gloire de Dieu contre l’ennemi commun !
Quant aux dettes contractées par S. M. et dont elle désire
se libérer, les obligations souscrites par elle ont été exhi-