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le feu de son imagination, a represente la nature,
non telle qulelle se montre fmmilierement a nos
regards; mais il a reuni toutes les beautes qui lui
appartiennent et quüelle a coutume de separer.
Le ciel est serein, brillant, penetrei de lumiere.
Il est impossible de mieux rendre les degradations
(les objets suivant leur distance, de mieux faire
sentir Pepaissetir vaporeuse qui s pare, le specta-
teur du lointain, de mieux representer par des
couleurs ltappaitence de la verite. Lorsquäon est
absorbe dans la contemplation du ciel et des loint-
tains, on est porte a les preferer a toute autre
partie de ce tableau; mais les autres objets ne
deznandent pas. moins dtattention. On ne petit rien
concevoir de mieux que les beaux groupes dtarbres
qui occupent le premier plan; la Vivacite et la lis-
berte du pinceau dont ils sont peints, a quelque
Chose dletonnant, et qui ne peut etre surpasse que
par la variete, la richesse et Pharmonie des tein-
tes qui entrent dans leur composition: on en di-
stingue chaque espece, les feuilles en paraissent
etre agitees, et lton croit entendre leur bruisse-
ment, suivant P expression de Sandrart, auteur
contemporain de Claude. Des troupeaux et une
danse de bergeirs, ornent le devant de ce charmant
tableau: cette partie pour la quelle ce peintre
empruntait ordinairement une main etrangere, ntest
,_ point ici du tout negligee. En un mot, pour finir,
t disons que Pensemble est si parfait, que P oeil se
repose par-tout avec satisfaction; tout est lie,
tout se tient; Part etlltartiste sont oublies: ce nlest
\CD\